Grossesse et accouchement aux USA, mon expérience.
Accoucher aux USA, ça se passe comment en vrai?

AAAHHH les fameuses questions! J'ai un peu hésité à écrire cet article, me disant que d'un côté vous avez été nombreuses à me poser des questions sur le sujet et que mon expérience pouvait servir, mais de l'autre, chaque situation est différente et particulière. Alors je tiens à pré-phaser que ceci n'est que mon expérience personnelle. Je ne me proclame pas du tout experte en la matière et oui, évidememnt, je me rends compte de la facilité avec laquelle tout s'est déroulé pour moi, ce qui est une chance incroyable, dans un pays où les gens viennent parfois à s'endetter pour pouvoir mettre leur bébé au monde dans des conditions sécurisées.
Par un beau matin de Juin, après une fausse-couche a 7 semaines en Janvier, je me tiens dans la salle de bain, un test de grossesse à la main. Mon mari dort encore paisiblement, mais moi j'ai une intuition et je veux voir si elle est prête à se confirmer. Je ferme les yeux et absorbe les rayons du soleil déjà brillant d'Arizona pendant 3 longues minutes. Avant d'ouvrir les yeux, je sais, avec chaque fibre de mon être, que je suis enceinte. C'est donc sans surprise mais avec un énorme sourire que je vois deux petites barres bien nettes apparaître. Instagram, TikTok et Youtube regorgent de vidéos super mignonnes de femmes annonçant à leur conjoint qu'elles sont enceintes de manière originale et mémorable. J'y songe pendant 1 seconde et demi, mais c'est au-dessus de mes forces. Je fonce dans la chambre et tape mon mari sur le bras pour le réveiller (J'avoue j'aurai pu faire mieux haha) et là, je fonds en larmes. Il panique et me demande ce que j'ai, ce qu'il se passe. Toute en pleurs et morves je lui agite le test de grossesse sous le nez. Et voilà plus ou moins comment s'est déroulé l'un des jours les plus heureux de notre vie :) Ensuite vint le moment de trouver un gynécologue obstétricien et de faire une première échographie. Alors évidemment ici, on vous demande vos préférences : Accouchement à la maison? Dans une piscine? Voulez-vous faire appel a une sage-femme? Une Doula? Un Shaman? "Heu, non merci. Juste un docteur avec un diplôme de fac de médecine ça ira très bien." Le plus important est toujours de prendre un docteur que votre assurance couvre (In-Network). Quand c'est le cas, vous n'avez rien à avancer, le cabinet médical facture votre assurance directement et si pour quelque raison l'assurance refuse de couvrir la visite, vous serez facturé à ce moment-là. Tout au long de ma grossesse, j'ai eu en tout et pour tout quatre échographies. Ils n'en font donc pas systématiquement à chaque visite mensuelle. Par contre à chaque fois, le docteur prend votre poids, tension, écoute le cœur de bebe et vous écoute afin de répondre à toutes vos questions. J'ai eu une grossesse très facile sans aucune complication, malgré le fait que celle-ci soit considérée comme étant une grossesse geriatrique (Sympa hein? Perso, ce terme me fait grincer des dents) vu que j'ai plus de 35 ans. A cause de cela, à ma douzième semaine, je dois me rendre chez un spécialiste des "grossesses à risque" pour faire une echo spéciale ou l'on détecte les risques de trisomie 21, entre autres et accepter de faire un non-stress test hebdomadaire à partir de 33 semaines de grossesse. Les résultats sont toujours les mêmes, bebe est en pleine forme et maman aussi! A ma 38eme semaine de grossesse, mon gynécologue me demande si je souhaite déclencher l'accouchement. Je lui réponds merci mais non merci, légèrement étonnée que ce soit une option alors qu'il n ' y a absolument aucune raison. Il m'explique qu'en programmant l'accouchement, il n'y a pas d'attente, la chambre est prête directement, l'anesthésiste pour la péridurale sera dans les starting blocks, et la préparation rend les choses plus faciles et rapides. Je comprends mais je décide de laisser faire la nature et de laisser bebe pointer le bout de son joli nez quand il sera prêt. Sachez aussi qu'ici il est extrêmement courant de programmer une césarienne. Certaines personnes choisissent même une date d'accouchement en fonction de leur horoscope (si, si!). Vers la fin de ma grossesse, je reçois une facture de $900 pour l'échographie faite a ma douzième semaine de grossesse, soit plus de cinq mois et demi auparavant. J'appelle le laboratoire. J'appelle l'assurance. Il s'agit d'une erreur de leur part, nous ne leur devons rien. Ouf. (Petite précision, cette facture nous revient encore régulierement, et notre assurance nous promets a chaque fois qu'ils vont s'en charger). La compagnie pour laquelle je travaille offre un congé maternite de quatre mois complets payés à 100%, ce qui est quasi du jamais vu ici aux USA! Mon mari, lui, a trois mois, encore une fois, du jamais vu pour un congé paternité. Inutile de préciser que nous avons énormément de chance. Mon travail commence un samedi après-midi et vu qu'il s'agit de ma première grossesse, je ne suis pas sûre que ce que je ressens sont des contractions. Tout le monde m'a dit "ne t'en fais pas, quand tu auras des contractions tu le sauras!" Hmmm... Personnellement, je suis dubitative. J'ai mal au ventre, genre vraiment mal mais ça fait un peu comme une indigestion. C'est peut être juste le burrito que j'ai mangé plus tôt? Je n'ai pas perdu les eaux. Je n'ai pas mal au dos. Aucun autre symptôme. J'appelle ma mère, elle me demande de me rendre à l'hôpital mais j'hésite encore un peu. Les douleurs sont rapprochées, genre toutes les 8-9 minutes. C'est pas censé commencer d'abord par venir toutes les 30 minutes, ensuite 20, ensuite 15, etc? Je n'ai pas le temps de m'interroger plus temps, mon mari attrape ma valise d'hôpital, mon oreiller préféré et m'escorte jusqu'à la voiture. Sur le chemin mes contractions deviennent intenses et la, plus de doute possible. Heureusement, nous ne vivons qu'à 15/20 minutes de l'hôpital. En sortant de la voiture j'arrive a peine a marcher, je me dandine jusqu'aux admissions mon plan de naissance à la main. Mon quoi? Mon plan de naissance (Birth plan). Je n'avais absolument pas l'intention d'en avoir un, ou alors un très très simple qui ne contient pratiquement que trois points : - Aller à l'hôpital - Demander une epidural si j'en ressens le besoin - Avoir mon bebe Seulement, ce n'est pas si simple apparemment. Il faut décider si vous souhaitez les lumières allumées ou éteintes durant l'accouchement, qui coupe le cordon ombilical? Est-ce que vous souhaitez que le bébé soit placé sur vous pour faire du peau à peau directement ou après avoir été lavé, pesé, etc..? Souhaitez-vous que le vernix soit nettoyé directement? Allez-vous allaiter? Et j'en passe. Vous etes aussi invité à prendre avec vous absolument tout ce que bon vous semble. Oreillers, diffuseurs de parfums et huiles essentielles, vos propres lumières tamisées, playlist favorite, tapis de yoga, Ipad, et j'en passe. Rien n'est trop grand. Rien n'est trop fou. A cause du COVID, seulement mon mari était autorisé au moment de l'accouchement mais en général vous pouvez avoir autant de personnes que vous le souhaitez! Beaucoup de familles engagent un photographe/vidéaste pour immortaliser l'instant. Certains optent pour un coach en respiration, un professeur de yoga ou encore une maquilleuse/coiffeuse pro pour une glam session. Et puis il y a les Kardashians chez qui chaque accouchement se déroule avec la famille complète et une équipe entière de télé, caméras au point. Comme j'ai refusé de programmer mon accouchement à l'avance, il n'y a pas de salle de travail disponible quand j'arrive. On patiente donc dans la petite salle d'attente réservée à la maternite. Je souffre le martyr, contraction après contraction. J'essaye de me concentrer sur ma respiration comme ils conseillent dans les classes de préparation à l'accouchement mais ça devient de plus en plus difficile. Au bout d'une heure, je n'en peux plus. Mon mari va demander à la réceptionniste s'il y a du changement toutes les quinze minutes et elle nous assure qu'elle nous appellera dès que c'est le cas. Je vois rouge et tout d'un coup je comprends les femmes prises d'une rage folle a cause de la douleur. Heureusement, trente minutes plus tard, on me met dans une chaise roulante et m'emmène dans une salle de "triage". Une infirmière prend mes fonctions vitales et me pose des questions de routine. Les deux questions qui m'interpellent sont "Est-ce une grossesse désirée?" et "Est-ce que votre mari/conjoint est violent ou susceptible d'abuser de vous de façon physique ou mentale?" Elle me dit que si c'est le cas, c'est le moment de lui dire et que la police peut intervenir. Je lui assure que non, mais je suis triste de penser que c'est surement le cas pour certaines femmes et à quel point cela doit être pénible à vivre. Mon docteur arrive dans la salle de triage et vérifie où en est le travail. Il m'annonce que je suis dilatée à 4 cm et demi, c'est bon signe! Et me demande si je souhaite une péridurale, je fais oui de la tête car je n'arrive quasi plus a parler. Il me rassure, me promettant que tout va super bien se passer et s'en va. De la, j'arrive enfin dans ma chambre de travail. C'est immense et privé. Il y a une baignoire à jet, genre jacuzzi. Un canapé/lit de deux personnes pour mon mari, une grande tv à écran plat. On dirait une chambre d'hôtel, du matériel médical en plus. Arrive alors ma propre infirmière, celle qui restera à mes côtés jusqu'à ce que bébé arrive. Elle s'appelle Alyssa, elle est jeune, dynamique et adorable. Elle m'explique qu'elle a un petit bout d'un an et partage son expérience avec moi. Grâce à elle, je sais exactement à quoi m'attendre au moment où l'anesthésiste arrive pour faire la sacro-sainte péridurale. Je flippe. J'ai peur que cela fasse vraiment très mal. Le docteur est super sympa, jeune, charmant. Il me demande d'ouvrir ma robe d'hôpital et de lui tourner le dos. J'en profite pour rappeler qu'il n'y a pas moyen d'accoucher de manière cute ou élégante et si vous etes plutôt pudique, c'est dommage mais malheureusement, vous allez vous sentir gênée plus d'une fois. Après la péridurale tant redoutée, je commence à me détendre et en vingt minutes, j'ai retrouvé la parole, le sourire et je n'ai plus envie de giffler qui que ce soit. Il est 19h et je suis seule avec mon mari dans la chambre de travail. On papote, on rigole. Alyssa, l'infirmière, vient toutes les 45 minutes pour vérifier que je vais bien, que je n'ai besoin de rien et pour me tourner dans différentes positions. Vers 21h je m'endors et ce jusqu'à 1h du matin environ. Durant ce laps de temps, le docteur a percé la poche d'eau et je suis enfin dilatée à 10 cm. A 1h30 du matin je suis prête à pousser. Je m'attendais à ce que mon docteur soit là, accompagné de plusieurs infirmières, mais il n'y a qu'Alyssa. Elle demande à mon mari de se placer à ma gauche et de me tenir la jambe, elle fait de même sur la droite. Je suis un peu décontenancée quand elle m'explique qu'à chaque fois qu'elle comptera jusqu'à 3, je devrais pousser. Mon mari et moi avions un genre d'arrangement afin de préserver un peu de mystère et de romantisme. Le genre ou il reste à la hauteur de mes épaules et me tiens la main, tout en me murmurant combien je suis courageuse à l'oreille, et laisse la place au personnel médical. Seulement ce n'est pas le cas, il se tient a ma gauche, prêt à aider avec vue aux premières loges. Honnêtement, après cela tout est flou. Je pousse pendant 45 minutes et ensuite Alyssa me demande d'arrêter. Mon docteur arrive enfin, en grand seigneur, accompagné de cinq infirmières! Je pousse une toute dernière fois son signal, et j'aperçois mon bébé. Il le pose sur moi pendant quelques minutes, ensuite mon mari coupe le cordon ombilical et bébé va faire ses petits soins. Tout se fait dans la chambre, ce qui me rassure. On m'annonce qu'il est né le 20/02/2022 a 2h22 du matin et qu'il mesure 22 inches.


Moi non plus, les Inches ça ne me parle pas. Je ne découvrirai que le lendemain qu'il mesure 54 centimètres, mais je m'en fiche un peu en vrai. Il est parfait et je l'aime déjà tant! Pendant que les infirmières s'occupent de bébé, mon docteur et deux infirmières s'occupent de moi. On m'enlève le collant qui maintenait en place la péridurale et ironiquement, ça me fait super mal. Avant de partir, je remercie Alyssa du fond du cœur. Elle a été incroyable du début à la fin et est même restée après que son shift soit terminé pour être sûre que nous allions tous bien. Je suis ravie de vous dire que nous sommes copines Instagram! On m'emmène ensuite dans une autre aile de l'hôpital ou ma chambre m'attend. Elle est similaire à la chambre de travail, avec moins d'appareils médicaux et un petit berceau pour bebe. On s'installe. Crevés, déboussolés, fous de joie, effrayés un peu, aussi. On appelle ma famille, on envoie des photos et puis on essaye de se reposer un peu mais chaque personne ayant passé une nuit à l'hôpital sait que c'est un euphémisme. Une ribambelle d'infirmières et spécialistes en tout genre viennent à toutes heures du jour ou de la nuit pour différents tests. Notre assurance couvre deux nuits à l'hôpital (sans compter celle ou j'ai accouché), ce qui est la norme standard ici, trois nuits pour les accouchements par césarienne. Apres la premiere nuit, mon docteur nous dit que nous sommes libres de rentrer à la maison si nous le souhaitons. Bébé est en excellente santé et je me remets bien, pas de raison a priori de rester. Seulement, 24h ça me semble tellement peu. Puis quand on rentre on est livré à nous-même. On décide de rester une nuit supplémentaire comme prévu. Les infirmières sont toutes adorables. Elles viennent papoter, nous donnent un tas de conseils, s'occupent de bébé, puis la nourriture vient d'un vrai restaurant situé au rez-de-chaussée de l'hôpital et est excellente! Mes repas sont tous gratuits, mon mari, lui, a droit à trois repas par jour pour un tarif unique de 8 $ par jour. Avant de quitter l'hôpital, nous demandons à ma belle-mère de passer chercher 80 cookies chez Crumbl, THE place to be pour des gourmandises à tomber. C'est notre petit cadeau aux infirmières des deux services (Labor & Delivery et Postpartum). Elles sont aux anges!

Je quitte l'hôpital le cœur léger, reconnaissante d'avoir été si bien soignée et accompagnée, prête à commencer notre vie à trois. Pour info, nous n'avons rien payé pour l'accouchement et tout a été pris en charge par notre assurance. Au moment de mon accouchement, je suis résidente permanente aux USA et je travaille à temps plein. Je suis sur l'assurance santé de mon mari qui est inspecteur fédéral. Son travail pour le gouvernement lui offre une très bonne couverture, à laquelle nous ajoutons quelques extras pour lesquels nous payons. Ceux-ci sont débités à chaque fiche de paie (toutes les deux semaines). Une visite chez le gynécologue en dehors d'une grossesse me coûte en général $30.

J'espère que ceci vous aura été utile et répondra à toutes vos questions! Comme toujours, merci d'etre la!
Xo, Julie